Le Groupe SERL organise régulièrement des matinées thématiques. Ces rencontres visent à encourager les échanges et le partage de pratiques et de retours d’expériences entre des professionnels de divers horizons. Dans le cadre de la démarche innovation du Groupe SERL, une matinée santé s’est déroulé le 18 avril dernier sur le thème « Maisons de Santé et autres modèles d’offres de soins de proximité ». Elle a réuni représentants des autorités de santé, acteurs de la santé et du social au sein des collectivités, ainsi que professionnels de santé et acteurs institutionnels.
Le contexte et les objectifs de la matinée santé
Être au service d’enjeux communs
Le Groupe SERL accompagne depuis plusieurs années les collectivités et les acteurs de santé dans la programmation et la réalisation de projets immobiliers dans le domaine du médico-social et de la santé, adaptés aux nouveaux usages en santé. En tant qu’aménageur et assistant à maîtrise d’ouvrage, le Groupe SERL joue un rôle clé dans la mise en œuvre d’infrastructures de santé fonctionnelles, durables et pensées pour les professionnels comme pour les usagers. Il réunit régulièrement des acteurs de son écosystème pour réfléchir ensemble à des problématiques communes d’actualité. Parmi les dernières, il est possible de citer :
- Une rencontre, en septembre 2022, consacrée à l’ouverture sur la vi(ll)e des EHPAD
- Ou encore, en novembre 2019, les échanges menés sur le thème des aménagements des unités Alzheimer
Une matinée santé qui s’inscrit dans un contexte marqué par un double constat
Conçue et mise en œuvre par l’équipe innovation du Groupe SERL, animée par l’agence de design social MENGROV, une matinée organisée le 18 avril sur le thème de la santé, a permis de réfléchir à la place des maisons de santé pluridisciplinaires, en particulier sous l’angle de l’offre de soins de premiers recours et différents modèles de maisons de santé. Cette rencontre repose sur un double constat :
- Côté territoire, les diagnostics en matière de santé soulignent une montée des inégalités d’accès aux soins, tant au niveau du parcours de soin qu’en matière de prévention et d’accès aux droits. Cela s’explique notamment par le vieillissement et la diminution du nombre de praticiens.
- Côté collectivités, une volonté affirmée d’agir concrètement pour la santé des habitants se fait jour. Cette dynamique politique, portée à la fois par les acteurs locaux et l’ARS, vise à faire de l’innovation en santé un levier de réponse aux enjeux des territoires, aux besoins des populations et aux attentes des professionnels.
Afin de partager des expertises et des retours d’expérience, de mieux comprendre les besoins des professionnels de santé, des patients, des territoires ou encore d’explorer des solutions adaptées aux territoires, cette rencontre s’est articulée autour de trois temps forts.
Compréhension de la structuration de l’offre de santé
Ouvrant les interventions, Marielle SCHMITT (Directrice adjointe de la délégation départementale ARS du Rhône et de la Métropole de Lyon) a tout d’abord défini ce qu’est une Maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) : un regroupement de professionnels de santé libérauxde premiers recours (et éventuellement de second recours) autour d’un projet de santé commun. Elle doit à minima disposer de deux médecins généralistes et d’un professionnel paramédical, sur une échelle territoriale pouvant aller de 1 000 à 10 000 habitants, soit une commune voire à plusieurs communes. Le nombre de professionnels peut parfois aller jusqu’à 15.
Elle a également précisé qu’une MSP peut être installée partout. En 2017, il y avait sur la Métropole et le Rhône 15 MSP, aujourd’hui il y en a 85. Le développement de ce mode d’exercice est une politique portée par l’ARS et la CPAM.
Dans l’émergence et le suivi des MSP, le rôle de l’ARS, partagé avec d’autres acteurs, est de valider d’un point de vue réglementaire un projet de santé, sur la base des besoins de santé d’un territoire donné.
Clément CUMOND, Chef de projet programmation architecturale et stratégie immobilière au sein du Groupe SERL, a détaillé de quelle manière le Groupe accompagne les projets de Maison de santé.
Sur la base de projets immobiliers, le Groupe SERL intervient soit sur le volet programmation aux côtés du maître d’ouvrage pour définir les besoins du projet de santé et des professionnels pour les traduire en besoin immobilier, soit sur le volet conduite d’opération, AMO pour suivre le projet jusqu’à sa réalisation. A cet égard, le Groupe SERL porte notamment une réflexion sur la meilleure façon d’accompagner les établissements hospitaliers ou médico-sociaux, ou encore les collectivités et les associations œuvrant dans le domaine de la santé et du « prendre soin », dans leurs réflexions et démarches de création d’un tiers-lieu en santé.
En qualité d’AMO, le Groupe SERL a par exemple eu l’occasion d’accompagner la création du pôle santé de Givors (accompagnement juridique, pilotage de missions relatives aux marchés publics, suivi opérationnel des travaux). En programmation, le Groupe SERL accompagne un projet de MSP à Saint-Genis-Laval ou la ville de Lyon sur un Centre de santé à Gerland. Le Groupe SERL intervient aussi parfois pour trouver un lieu à des professionnels de santé qui souhaitent se regrouper comme sur la ZAC de la Saulaie à Oullins.
Rôle des différentes parties prenantes
Il s’est agi ensuite d’identifier les conditions de réussite d’un projet de MSP grâce à l’implication coordonnée des acteurs.
Stéphane Bienvenue, Responsable du service santé du CCAS de Givors, est intervenu pour présenter les conditions de création du Pôle santé de Givors. Un diagnostic produit par l’Observatoire Régional de Santé a induit une synergie portant la volonté de créer un lieu à destination des personnes les plus éloignées de la santé, sur la base du constat suivant :
- Vieillissement et baisse du nombre de praticiens de santé et donc une sollicitation accrue
- Des habitants éloignés des parcours de soin, de la prévention et de l’accès aux droits
- Une ville aux critères socio-économiques fragiles, qui souffre d’un déficit d’attractivité
Les difficultés rencontrées (contraintes financièreset nécessité d’un projet novateur et ambitieux, temps longs des projetset besoins de réactivité, objectifs et pratiques professionnelles différentes) ont néanmoins pu être surmontées grâce à un travail d’acculturation à travers un projet commun, de coconstructionen amont et de compréhensions mutuelles ou encore de soutiens institutionnels.
Marion DARLEY, coordinatrice territoriale, et Emmanuelle BARLERIN, co-présidente de la Fédération des Maisons de Santé et de l’Exercice Coordonné en Auvergne-Rhône-Alpes (FEMAS AURA) ont rappelé le rôle de l’association, soutenue par l’ARS et le Conseil Régional Auvergne-Rhône-Alpes. Son objectif est d’accompagner les professionnels de santé dans le montage et la création de projets de santé, sur la base d’un programme de coordination de démarrage au projet de maison de santé. La coordination de démarrage intervient au début de la dynamique collective, lorsque les équipes émergent et où tout reste à construire. L’objectif est de faciliter les premières étapes, de rassurer sur les attendus administratifs (comme les cahiers des charges), de rendre accessibles les documents à produire, et installer une logique de partage d’information fluide et continue.
Évaluation des montages, des financements et des partenariats possibles
Ce troisième et dernier temps de la rencontre explorait les modalités concrètes de mise en œuvre des MSP : ingénierie de projet, soutiens financiers, dispositifs innovants.
Régine DELPERIE, Directrice d’Investissement Economie Mixte, Marion EYMAR, Direction de l’Investissement, et Charles VOCANSON, Chargé de développement territorial Métropole de Lyon, tous à la Banque des Territoires, ont tous les trois rappelé leur intervention de bout en bout sur la chaîne de valeur de l’accès à la santé, en accompagnement et en financement de projet, que ce soit sous la forme d’investissement ou de prêt.
Deux projets parmi d’autres, appuyés par la Banque des Territoires, illustrent pleinement ces deux formes d’intervention :
- Le pôle de santé Confluence : une SCI a été constituée avec des investisseurs privés (Office Santé, AST Grand Lyon et des radiologues) qui souhaitaient créer un espace de santé (médecine du travail et médecine de ville). Parallèlement à une dette levée auprès de la Caisse d’Auvergne Rhône-Alpes par la SCI, les opérateurs ont apporté des fonds propres, ainsi que la Banque des Territoires. Elle a également accompagné les opérateurs dans la structuration du projet.
- Le pôle de santé Givors : c’est sur la base des usages et des capacités économiques des partenaires que le bâtiment a été conçu. Des ateliers ont été menés avec les professionnels de santé, futurs usagers des lieux, pour que l’aménagement réponde à leurs besoins. Autre élément important, le projet immobilier a été défini sur la base de ce que les futurs locataires seraient en mesure de payer. Sur ce projet, la Banque des Territoires est intervenue à la fois comme investisseur et comme prêteur : l’emprunt a été réalisé directement auprès de la Banque des Territoires, via un prêt « Renouvellement Urbain » destiné à soutenir les projets situés dans ou à proximité des quartiers prioritaires de la ville.
Enfin, Fabrice AMIC, Directeur du fonds d’investissement de l’ANRU, Actionnaire d’Yci Santé, et Corentin DECOUTY, Directeur du développement d’Yci Santé, ont présenté les missions et le modèle de fonctionnement de leur structure, ainsi que son engagement en faveur des Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV). Société issue d’un consortium rassemblant Méridiam, l’ANRU, la Mutualité Française et la Fédération Nationale des Centres de Santé, Yci Santé a pour vocation de déployer des centres de santé dans les QPV, là où l’offre de soins est souvent insuffisante et les modèles économiques plus fragiles.
Yci Santé porte les murs et la structuration des projets, puis s’appuie sur des opérateurs de santé non lucratifs (mutuelles, associations, structures hospitalières), engagés sur une offre de soins de haut niveau, avec des médecins salariés, une offre généraliste, des services renforcés en prévention…
- Autour d’un sujet d’intérêt commun, favoriser les échanges entre acteurs issus d’environnements différents
- Construire ensemble des solutions de santé de demain, à la croisée du soin, du social, de l’urbanisme… et de l’innovation
